samedi 20 mai 2023

Tronche, Rosépine de Philippe Curval

 













Éditeur : La Volte
Parution : 04/05/2023
Nombre de pages : 211
Genre : littérature française

L'auteur :











Philippe Tronche à l’aube des années trente, Philippe Curval a cheminé avec les surréalistes, fréquenté de nombreux écrivains comme Boris Vian, Topor, participé à la naissance de la première librairie de science-fiction, de la première revue de science-fiction. Sur son solex, il a fait le tour de la France, de l’Italie, de l’Allemagne en ruines. Comme journaliste, il a arpenté le monde. Son œuvre, qui se joue des codes (et parfois en invente), a été couronnée par de nombreux prix. Philippe Curval partage aujourd’hui son temps entre Paris et la baie de Somme.

Quatrième de couverture : 

Surgie d’un épisode fiévreux de Philippe Curval lors d’un séjour à l’hôpital, la saga de la famille Tronche met en scène une héroïne avant-gardiste et libre, incarnation des années 60’ : Rosépine.
Fuyant sa famille vers Paris dès son plus jeune âge, certaine de porter en elle un destin singulier, Rosépine devient tour à tour maçonne, styliste en tricot pour les plus grandes maisons de mode. Avant de s’installer dans un village insolite dans ses Cévennes natales afin de réaliser une œuvre picturale, révolutionnaire pour son temps, qui l’amènera à la conquête de New York.
Paysages magnifiques, rencontres amoureuses et sensuelles, plongée visionnaire au cœur de l’art contemporain, l’auteur s’inspire de faits et personnages issus de ses fantasmes familiaux, pour raconter une époque, dans un tourbillon des sens. Plus qu’une autofiction, une extrafiction.

Mon avis :

« Elle plongea son regard vers le visage de son fils qui la  scrutait avec  intensité. Un vrai coup au cœur ! Tout cet édifice qu'elle avait construit pour préserver son statut de femme indépendante s'effondra subitement. Comme par un  de  ces effets bizarres qui se produisent lorsqu'on découvre un véritable intérêt pour un être, une chose qu'on  avait négligée jusqu'à présent, son fils lui apparut tel qu'elle ne l'avait jamais vu. C'est un phénomène qu'elle avait ressenti dans le secteur de l'art, où l'œuvre d'un peintre qui lui semblait négligeable, hors de propos, si loin de tout ce qu'elle appréciait, devenait d'un seul coup l'objet d'une passion. De pareils phénomènes s'étaient déjà produits chez elle dans le domaine du jazz où, sur l'incitation de Karen, elle s'était soudainement éprise de Thelonious Monk alors qu'elle refusait d'écouter autre chose que Claude Luter. Même révélation à propos d'un acteur, d'une sensation gustative. Et oui, c'est ce qui venait de lui arriver, son fils avait la saveur de l'amour. »

Nous sommes dans les années 1960 et la jeune Rosépine Tronche rêve de liberté. Partant sur les traces de Stevenson, un havresac au dos (mais sans ânesse), cette dernière décide de parcourir Les Cévennes narrées par le baroudeur-écrivain. Un périple qui s'avèrera mouvementé mais surtout décisif dans le canevas de son avenir, avec la rencontre de l'insolite Adéodat Palmer. 
Sauvage mais pas farouche, la jeune femme suit ses instincts et ses envies sans peur du qu’en-dira-t-on. Sa seule crainte étant que l'on entrave son inétanchable soif de liberté ! Exerçant les métiers les plus improbables et audacieux pour une femme de son époque, Rosépine qui est aussi douée en tricotage qu'en maçonnerie, va se lancer dans un pari insensé en voulant révolutionner le domaine de l'art contemporain. 
De la Lozère à New York en passant par Paris, la jeune femme intrépide va vivre d'épineuses aventures avant de (re)trouver le chemin de la félicité !  
  
Quel drôle d'OVNI littéraire que ce roman. Il est absolument inclassable ! 
Tour à tour amusant, déroutant, émouvant et impertinent, c'est l'ouvrage le plus loufoque que j'ai lu depuis bien longtemps (le dernier étant "En attendant Bojangles" qui remonte à 2016). 
On y croise une galerie de personnages plus picaresques les uns que les autres et si leurs aventures sont aussi farfelues que celles vécues par un Ignatius Reilly*, on ne peut que s'amuser des petits coups de griffes et des moqueries sous-jacentes de l'auteur envers les travers mercantiles et versatiles du marché de l'art contemporain.
Une sympathique découverte que ce roman, dont l'écriture est diablement moderne pour un auteur qui a dépassé les quatre-vingt dix printemps !

* "La conjuration des imbéciles" de John Kennedy Toole.




Merci aux Éditions La Volte et à Babelio.
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