vendredi 16 septembre 2011

Les enfants de la dernière chance de Peter Høeg






















Éditeur : Points Traduction : Frédéric Durand
Parution : 10/02/2011  

Première publication : 26/03/1997  
Genre : Littérature scandinave
Nombre de pages : 318


L'auteur :






















Peter Høeg est né le 17 mai 1957 à Copenhague, il a été tour à tour globe-trotter, professeur d'EPS, danseur, acteur et a pratiqué l'escrime, la navigation et l'escalade avant de se consacrer à l'écriture.  Il publie en 1988 son premier roman, “L'histoire des rêves danois “,  suivi de “Contes de la nuit” (1990) et de “Smilla ou l'amour de la neige” (1992),  qui lui vaudra le prix Clé de verre. Ses deux derniers romans sont : “La femme et le singe” (1996) et “La petite fille silencieuse” (2007).

Quatrième de couverture :

Contrôle strict du temps, interdiction de toute camaraderie, châtiments corporels : l'ordre règne dans l'école expérimentale du professeur Biehl. Malgré les risques qu'ils encourent à violer cette discipline de fer, Peter, Katarina et Auguste se lient d'amitié et cherchent à comprendre le système. Lorsqu'ils réalisent qu'ils ne sont que des cobayes, ils décident de révéler la vérité au grand jour.

“C'est brillant, intrigant, poignant.”
L’Express

Mon avis :

Les enfants de la dernière chance : une lecture qui vous ronge comme de l'acide !
L'intrigue se déroule au Danemark à la fin des années 60.  Pourtant on est bien loin de mai 68, des mouvements de révolte et de la vague d'émancipation qui caractérisent ces années-là, on a plutôt l'impression que les personnages de ce roman évoluent au début du 20ème siècle. Ce livre nous raconte la vie (ou plutôt la survie) d'enfants et d'adolescents ballottés d'orphelinats en maisons de redressement qui finissent par se retrouver dans une école expérimentale ayant pour but de tester de nouvelles méthodes éducatives. Le narrateur, tout jeune papa, se penche sur son passé, il nous raconte par flash-back son enfance brisée, les brimades, les humiliations, la faim, la peur, les coups, le quotidien d'enfants, interdits par le personnel d'encadrement, de lier la moindre amitié entre eux. Des liens improbables vont pourtant se tisser entre Katarina, Peter et Auguste, tous trois cabossés par la vie, qui vont se retrouver solidaires dans les épreuves et tenter de trouver des solutions pour échapper à un univers que l'on pourrait presque qualifier de carcéral.
Leur vie est rythmée par le temps, concept qu'ils ont du mal a appréhender :

"- Où c'est demain ?
C'est ce qu'elle me demandait.
Quand les enfants pleurent, on leur parle de demain. S'ils sanglotent et sont inconsolables, même si on les prend dans les bras, on leur parle de ce qu'ils feront demain, des gens qu'ils iront voir. On détourne leur attention de leur désespoir, on anticipe d'un jour, et on introduit le temps dans leur vie.
La mère peut y arriver en douceur. Sans rien promettre en particulier, sans chercher à ignorer la souffrance, elle entraîne l'enfant insensiblement dans le futur. Comme pour lui dire : Maintenant, faisons connaissance avec le temps, et lui faire croire qu'il est malgré tout possible de devenir adulte sans avoir à souffrir."

Un livre sombre et âpre qui échappe à toute classification. D'autant plus que l'on se demande quelle est la part de fiction et de réalité dans ce texte sans concessions, sachant que le narrateur se nomme lui aussi Peter et finira par être adopté par Karen et Erik Høeg (même nom que l'auteur !), parents adoptifs qui furent son ultime chance et planche de salut. Si ce récit nous dépeint réellement l'enfance vécue par l'auteur, on ne peut que rester admiratif devant tant de combativité et de chemin parcouru !

Un extrait :

Dans la vie de tout homme, il y a des éléments linéaires. Nous naissons tous, grandissons, vivons et débouchons sur le néant. Certainement de différentes manières : les uns dans des cavernes, d'autres dans des foyers pour enfants, ou à l'Academy of Sciences de New York. Mais pour chacun d'entre nous la naissance, la croissance et la mort sont des événements uniques, ils n'arrivent qu'une seule fois et nous ne repasserons jamais par le même point.
Mais aussi, la vie est pleine de répétitions. Chaque jour, je m'installe dans le laboratoire, c'est la condition indispensable pour mon expérience. Et si je dois jamais la mener à son terme, je devrai le refaire un grand nombre de fois. D'une certaine manière, le temps autour du laboratoire est cyclique.
C'est vrai aussi du corps : à chaque instant il meurt un peu, récupère et se régénère en même temps. Chaque instant assure la respiration et la régularité sans fin de notre pouls, qui peut également se modifier, s'accélérer pour culminer dans la peur, la panique ou l'extase, et retrouver ensuite son équilibre. Et qui parfois, à l'approche de la femme ou de l'enfant, ou après avoir travaillé dans le laboratoire, ou encore pour d'autres causes, peut rapidement s'établir en un cycle parfaitement harmonieux, en une oscillation d'une perfection mathématique.
Dans la vie de chaque homme, à tous les niveaux, se succèdent des phases à la fois cycliques et linéaires, des répétitions univoques et des événements ponctuels et uniques.


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