samedi 6 février 2021

Histoire d'un refus de Roger Aïm

 













Éditeur : Editions La Simarre
Parution : 20/08/2020
Nombre de pages : 75
Genre : essai

L'auteur :














Roger Aïm, ingénieur, né à Oran en 1952, passionné de littérature, consacre désormais son temps à l’écriture. Il est l'auteur d'ouvrages universitaires, d’un essai historique, Filippo Brunelleschi, Le Dôme de Florence, paradigme du projet (Editions Hermann, 2010), d’un roman, Un jour entre les autres (Portaparole, 2011), d’une biographie Julien Gracq, 3 rue du Grenier à Sel (Portaparole, 2012) traduit en italien Julien Gracq, L’ultimo dei classici (Portaparole, 2014), d'un recueil de poèmes en prose Cent petits écrits (Portaparole, 2014), d’une biographie Aloysius Bertrand – Epopée de son grand œuvre : Gaspard de la nuit (Du Lérot, éditeur, 2014).

Quatrième de couverture :

Écrivain discret, secret, rare, hors mode, Julien Gracq, le dernier de nos classiques, l'ermite de Saint-Florent-le-Vieil, l'homme du tête à tête, qui n'aspirait qu'à un anonymat protecteur, a été malgré lui, ce 3 décembre 1951 à 12 h 26, plongé au cœur d'une folle tempête médiatique en refusant pour son roman, Le Rivage des Syrtes, le plus ancien et le plus recherché des prix littéraires français, le prix Goncourt. Une page étonnante de la vie littéraire française retracée ici en trois tableaux de 1948 à 1951.

Mon avis : 

« Une heure vient à peine de s'écouler depuis l'annonce officielle de l'Académie Goncourt. Assis à une table, la presse le cerne de toute part, lui pose mille questions. Le professeur à l'élégance sobre allume une cigarette et déclare placidement dans cette ambiance surchauffée :  « J'avais pris, il y a plus d'un an, résolument parti contre les jurys littéraires. Je reconnais aussi très volontiers qu'il y a parmi eux certains suffrages qu'aucun écrivain n'a le droit de récuser sans une intolérable grossièreté. Mais ceci dit, je ne puis, comme je l'ai indiqué clairement, faire autrement que refuser le prix qui m'est décerné. »

L'homme était double. D'un côté il y avait Louis Poirier, le discret, rigoureux et énigmatique professeur d'histoire et de géographie. De l'autre, l'écrivain secret et solitaire Julien Gracq, partageant sa vie entre son domicile parisien et sa maison familiale de Saint-Florent-le-Viel où il se ressourçait et s'adonnait à l'écriture en dehors des périodes scolaires. Cet écrivain tardif resta fidèle toute sa vie à la petite maison d'édition familiale José Corti qui accepta d'éditer son premier manuscrit (Au château d'Argol) refusé en 1938 par Gaston Gallimard (refus amèrement regretté par la suite). Un premier roman très apprécié par André Breton, couronné par la naissance d'une belle amitié littéraire (et d'une admiration mutuelle) jamais démentie entre ces deux auteurs incontournables du paysage littéraire du siècle dernier. 
Ainsi Le Pape du surréalisme criera son admiration pour Le Roi Pêcheur, adaptation théâtrale du mythe du Graal, malgré les virulentes critiques de la presse parisienne à l'égard de son auteur dans les jours qui suivirent la représentation de la pièce (1949). Une cuisante déception pour Julien Gracq, qui lui inspirera l'écriture de son pamphlet La littérature à l'estomac (1950) visant avec férocité la scène littéraire du moment. 
Aussi, lorsque son roman Le rivage des syrtes est sélectionné pour le Prix Goncourt 1951, l'écrivain rédige une lettre ouverte au Figaro littéraire dans laquelle il indique se porter non candidat pour la prestigieuse récompense. Le verdict est rendu le 3 décembre : malgré un non catégorique de l'auteur, le Prix Goncourt est attribué à l'issue du premier tour à Julien Gracq. Comme il l'avait annoncé, ce dernier refuse la célèbre distinction. D'où l'importante polémique qui va enflammer les médias de l'époque… 

Dans Julien Gracq, Prix Goncourt 1951 - Histoire d'un refus, essai richement documenté d'archives de l'époque, Roger Aïm nous explique les raisons et enchaînements d'évènements qui ont motivé cette décision irrévocable de l'auteur. Un écrivain considéré aujourd'hui comme le dernier des auteurs classiques et l'un des rares à avoir été publié dans la Bibliothèque de la Pléiade de son vivant. Un auteur qui fuyait les mondanités littéraires et qui s'est toujours tenu éloigné le plus possible des médias (au grand dépit de Bernard Pivot dont il avait refusé toutes les invitations) et qui ne fut jamais édité au Livre de poche. 
Avec humour et dérision ce dernier disait d'ailleurs : «Je prends rang, professionnellement, parmi les survivances folkloriques appréciées qu'on signale aux étrangers, auprès du pain Poilâne, et des jambons fumés chez l'habitant.» 
Malgré son refus de la notoriété, sa discrétion légendaire et sa disparition en 2007, cet auteur incontournable du 20ème siècle revient sur le devant de la scène littéraire en ce début d'année 2021, avec la sortie d'un titre inédit Nœuds de vie chez son emblématique éditeur José Corti
Loin d'être relégué dans les oubliettes, cet inclassable écrivain épris de la beauté des mots comme des paysages n'a pas encore fini de faire couler des fleuves d'encre !



Merci à Roger Aïm.
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