jeudi 28 avril 2011

La Culasse de l’enfer de Tom Franklin























Éditeur d’origine : Albin Michel
Traduction : François Lasquin & Lise Dufaux
Parution : 05/01/2005
Nombre de pages : 512
Genre : littérature américaine

L'auteur :






















Tom Franklin est né et a grandi à Dickinson, dans le Sud-ouest de l'Alabama. Il est l'auteur d'un recueil de nouvelles, “Braconniers” désigné par “Esquire” comme le “meilleur premier livre de fiction” de l'année et récompensé par un Edgar Award en 1999. Son second ouvrage, la “Culasse de l'enfer”, paraît en 2003 aux Etats-Unis. Tom Franklin enseigne actuellement à l'université du Mississippi et réside à Oxford avec sa famille. Son dernier livre “Smonk : Ou la ville des veuves” a été publié en France chez Albin Michel en 2009.

Quatrième de couverture :

1897. Dans un coin reculé de l'Alabama, un homme est assassiné dans d'étranges circonstances. Pour le venger, ses proches forment une société secrète, ” La Culasse de l'enfer “, décidée à rendre sa propre justice. S'engage dès lors, entre les métayers blancs et les propriétaires fonciers des villes voisines, une guerre fratricide où il n'y a ni innocents ni coupables, mais du sang et de la douleur… À partir d'un fait historique, Tom Franklin déploie une magnifique fresque romanesque, sociale, policière et humaine. Un récit âpre qui explore les replis obscurs de l'âme.
“Je suis stupéfait par la puissance de Tom Franklin. La force d’évocation de sa prose, la rigueur implacable de son imagination me rappellent Faulkner.”
Philip Roth.

Mon avis : 

C'est une très belle découverte que ce roman sorti il y a quelques années et qui m'a été conseillé par une personne de mon entourage. Noyé dans la masse de toutes les parutions, je n'en avais  jamais entendu parler et, sans le “bouche à oreille”, je serais passée à côté d'une perle !
Ce roman inspiré de faits historiques, se déroule dans l'Alabama de la fin du XIXè siècle. Suite au meurtre de l'épicier du village de Mitcham Beat, Arch Bedsole, les métayers vont créer un confrérie secrète, la “Culasse de l'enfer”, sous l'impulsion du cousin d'Arch, Tooch Bedsole, et livrer une bataille sans merci aux habitants de la ville voisine, Coffeeville.
Cette alliance, sous couvert de justice et d'entraide mutuelle, n'est qu'un prétexte pour piller, tuer ou assouvir en toute impunité, les penchants les plus vils, d'hommes brisés par leurs rancoeurs et un dur labeur, “pauvres hères” victimes de leur ignorance et de la paupérisation, n'ayant d'intérêts que pour les armes et les beuveries. On trouve dans les rangs de “la culasse”, de pauvres bougres enrôlés de force, mais aussi des tueurs psychopathes comme Lev James, le plus inquiétant de la bande, assassin en puissance, susceptible, colérique, et assoiffé de sang. Voici d'ailleurs, un passage évocateur de la personnalité de Lev James :

«…L'erreur du colporteur fut de se mettre à rire.
- C'est la meilleure articula-t-il d'une voix sifflante.
- Qu'est-ce que t'as à te marrer comme ça ? lui demanda Lev.
Pressentant sans doute le danger, le colporteur fit de son mieux pour réprimer son hilarité. Mais lorsqu'il vit à quel point le visage de Lev était devenu inégal avec la moitié de sa barbe qui avait brûlé, le fou rire le reprit.
- Merde fit-il en s'assénant une claque sur la cuisse. Si je t'avais prêté un rasoir, mon pote, ça nous aurait épargné l'odeur.
Calmement, Lev reposa la bonbonne, se leva, descendit les marches et s'approcha du chariot du colporteur. Il déroula le fil de fer qui entourait les tenailles accrochées à côté de toutes sortes d'instruments - jougs, traits de harnais, balances et ainsi de suite - et tout en continuant à jouer des mâchoires, il remonta les marches d'un pas lourd en tenant les tenailles ouvertes comme une pince de crabe. Blêmissant, le colporteur esquissa un mouvement de retraite, la cendre de son cigare tombant sur sa chemise blanche, mais Lev lui referma brutalement les tenailles autour du cou…»

En parallèle, ce roman est aussi l'histoire de Billy Waite, shérif en fin de carrière, luttant contre l'arrivée galopante de la vieillesse et Macky, un jeune adolescent, qui fait ses premiers pas dans le monde des adultes, avec son lot d'espoirs et de désillusions. Tous deux devront faire face à leurs démons respectifs et faire des choix cruciaux au moment de l'affrontement final !
Vous l'aurez compris, j'ai été séduite par ce livre. J'ai aimé la prose tour à tour, sombre, poétique et réaliste de Tom Franklin et la richesse de ses descriptions. Je vais donc suivre cet auteur de très près. Je remercie Florence de m'avoir conseillé ce livre, mon opinion rejoint la sienne, c'est assurément un Grand roman !

Un extrait :

Depuis qu'il avait acheté le magasin, Tooch n'y avait pas changé grand chose - par exemple, il n'avait pas touché à la pancarte accrochée derrière le comptoir, au-dessus de la caisse enregistreuse. Arch avait nourri une véritable passion pour les mots savants, et cette pancarte tracée à la main disait : PAS D'EXPECTORATION SUR LE PLANCHER. Mack se souvenait de l'histoire. Après qu'Arch eut fixé la pancarte au-dessus de sa caisse enregistreuse, les hommes qui pénétraient dans son magasin avaient passé plusieurs heures à lui demander ce que ça voulait dire.
- Ce que veut dire quoi ? leur répondait Arch.
- Ce mot là.
- Plancher ? Eh bien, t'es debout dessus. Il est composé de lattes de pin maintenues ensemble par une curieuse invention du nom de «clous» de longs objets en métal pointus qui servent à…
- L'autre mot.
- « Pas» ?
- Mais non, pas « Pas», fichtredieu, l'autre mot, celui qui est si long.
Arch
- Pisser ? suggéra l'un d'eux.
- Non, mais j'aimerais autant que tu le fasses pas non plus sur le plancher.
- Expecter ou je ne sais quoi, ça voudrait pas dire «deviner» ?
- Si c'est bien ce que ça veut dire, fit Arch en clignant de l'oeil, tu viens de contrevenir au règlement.
- Boucher le passage ?
- S'allonger par terre ?
 À la fin, l'un des hommes comprit que ça voulait dire «cracher», si bien que leur vocabulaire se trouva enrichi d'un mot nouveau, un mot à dix dollars, dont ils firent usage pendant toute une période chaque fois que l'occasion se présentait.
- Tu crois que le ciel va nous expectorer dessus aujourd'hui ?
- Restons dans l'expectorative.

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