Affichage des articles dont le libellé est Californie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Californie. Afficher tous les articles

samedi 12 mars 2022

Un long, si long après-midi de Inga Vesper













Éditeur : Éditions de la Martinière
Parution : 04/03/2022
Nombre de pages : 410
Traduction : Thomas Leclere
Genre : littérature anglaise

L'auteure : 














Inga Vesper vit en Ecosse. Elle a longtemps travaillé comme aide-soignante, avant de se tourner vers le journalisme-reportage (en Syrie et en Tanzanie notamment). Un long, si long après-midi est son premier roman.

Quatrième de couverture : 

« Hier, j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois. Il ne le sait pas, bien sûr. Pas encore. »

Dans sa cuisine baignée de soleil californien, Joyce rêve à sa fenêtre. Elle est blanche, elle est riche. Son horizon de femme au foyer, pourtant, s’arrête aux haies bien taillées de son jardin. Ruby, elle, travaille comme femme de ménage chez Joyce et rêve de changer de vie. Mais en 1959, la société américaine n’a rien à offrir à une jeune fille noire et pauvre. Quand Joyce disparaît, le vernis des faux-semblants du rêve américain se craquelle. La lutte pour l’égalité des femmes et des afro-américains n’en est qu’à ses débuts, mais ces deux héroïnes bouleversantes font déjà entendre leur cri. Celui d’un espoir brûlant de liberté.

Mon avis :

« - C'est toujours une histoire d'hommes. Ils guident leur existence, et elles n'en tirent aucune leçon. Elles se relèvent, remettent du rouge à lèvres et courent après le suivant. »

En cet été caniculaire de 1959, le paisible quartier résidentiel de Sunnylake va se réveiller d'une trop longue léthargie. 
Quand Ruby, la jeune bonne afro-américaine passe la porte de la jolie maison de banlieue de son employeuse, elle trouve la toujours rutilante cuisine maculée de sang et les deux jeunes enfants en pleurs, livrés à eux-mêmes. 
Mais où est donc passée la riche et tirée à quatre épingles Joyce ? 
Injustement soupçonnée et emprisonnée par la police, l'employée de maison est finalement relâchée par l'inspecteur chargé de l'enquête. Fraîchement débarqué de New York et mésestimé par sa hiérarchie en raison d'une faute professionnelle qu'il traîne comme un boulet, ce dernier est sommé de faire ses preuves en résolvant cette drôle d'affaire au plus vite. 
Aidé dans sa tâche par Ruby, qui en sait bien plus qu'il n'y paraît, l'inspecteur Blanke va découvrir en Sunnylakes un monde factice, mêlé de noirceur, d'hypocrisie et de contradictions, aux antipodes du tableau lisse et idyllique présenté en surface. 
Plus les apparences vont se lézarder et plus terrible sera l'implacable et cruelle vérité que va débroussailler et mettre à jour l'improbable duo d'enquêteurs…

Ode à la liberté et plaidoyer pour un monde plus juste, ce polar à consonance féministe est diablement efficace dans son genre. Avec en arrière plan la condition des femmes, des minorités ethniques et des pauvres dans l'Amérique des sixties en pleine guerre froide, l'auteure brosse un cinglant portrait de l'époque.
On plonge dans les entrailles de cette féroce histoire avec un plaisir coupable. Les personnages principaux sont attachants et la narration rythmée par de nombreux rebondissements. J'ai avalé ces pages sans discontinuer, happée par la trame dynamique de cette histoire, malgré quelques invraisemblances qui n'ont pas ternies l'ensemble du récit. 
Si vous aimez les romans polyphoniques gorgés de suspense et l'atmosphère vintage et grinçante de la série Mad Men, vous devriez passer un excellent moment de lecture !



Merci aux éditions de la Martinière et à Babelio.
Rendez-vous sur Hellocoton !

dimanche 17 janvier 2016

Une baraque rouge et moche comme tout, à Venice, Amérique... de Marie-Gisèle Landes-Fuss






















Éditeur : Gallimard
Parution : 02/05/1985
Nombre de pages : 248
Genre : littérature française, autobiographie romancée
L'auteure : 
















Journaliste et romancière, Marie-Gisèle Landes-Fuss qui vit en Californie à publié "Le grand homme gris" en 1958. L'auteur s'est inspirée de son expérience personnelle pour rédiger son roman "Une baraque rouge et moche comme tout, à Venice, Amérique".


Quatrième de couverture : 


La narratrice arrive à Venice, quartier de Los Angeles, peuplé de paumés, de drogués. Elle-même se bourre de certaines pilules. Elle finit par se retrouver dans une maison en briques rouges, sur la plage, un étrange «Centre de réhabilitation» pour drogués. Pendant un an, elle va y mener une vie incroyable, terrifiante, cruelle et salutaire, une vie qui n'est peut-être pas dépourvue d'amour.


Mon avis : 


"Et moche qu'elle était aussi, de près. Avec trois étages de briques tristes. Et une porte vitrée cachant un escalier raide qui descendait tout droit vers la promenade... La seule note pas triste, c'était, par les fenêtres grandes ouvertes, des plantes vertes pendant des plafonds. Et des pans de murs de couleur... Dix heures du matin. Soleil rose sur Venice. Promenade vide. Plage vide. Océan vide. Et moi sur un banc. Juste en face de la baraque. Essayant de me donner des airs de promeneuse qui s'est posée là pour fumer une cigarette... J'avais la grosse tête . Il faut dire que mes petites chéries, elles me procuraient des séjours au paradis de plus en plus brefs. Allez savoir pourquoi..." 
Après quinze ans en tête à tête avec ses "petites chéries" (une ribambelle de pilules chimiques qu'elle avale comme des smarties), la narratrice est au bout du rouleau quand elle pousse la porte de cette baraque rouge et moche comme tout, découverte au détour d'un voyage en Californie. Elle y restera une année entière avant de reprendre l'avion pour Paris. Un séjour qui va s'avérer difficile pour celle que tous surnomment la "Frenchie", et à qui l'on fait comprendre que toute journaliste internationale qu'elle est, elle ne vaut pas mieux que n'importe quelle toxicomane issue d'un ghetto de Los Angeles. Tous les pensionnaires sont logés à la même enseigne, et la "Frenchie" ne bénéficiera d'aucun traitement de faveur. Tout juste sortie d'un sevrage éprouvant, cette dernière croit défaillir quand elle voit sa jolie blouse à fleurs cavaler sur le dos d'une petite brune et quand elle sent les effluves de son Miss Dior sur sa camarade de chambrée fraîchement sortie de la douche. Pas d'intimité, mais un espace réduit qu'elle doit partager avec deux autres femmes qu'elle a du mal à supporter. Quand elle se plaint, on lui répond : " C'est exprès qu'on vous a mises ensemble. On met toujours une Noire, une Blanche, et, si possible, une mexicaine ensemble. C'est pour créer des conflits!... - Pourquoi est-ce qu'il faut créer des conflits ?... - Pour apprendre à les résoudre !..."
L'établissement est tenu par un énorme "Bouddha", ancien drogué lui-même, tout droit sorti d'un pénitencier six ans auparavant. Il fonctionne selon des règles particulières. Pas de médecins dans les murs, seulement d'anciens toxicomanes repentis chargés de remettre les nouveaux pensionnaires dans le droit chemin, avec une thérapie basée sur le lessivage des murs et des groupes de paroles dans lesquels chacun peut s'exprimer librement et sans tabou. La narratrice va vivre une expérience hallucinante dans cette baraque toute rouge et toute moche... une épreuve unique, à la fois mêlée d'effroi et d'espoir, dont elle finira par ressortir victorieuse !

Déniché par hasard chez un bouquiniste, voilà un livre sorti en 1982 qui m'a tout d'abord intrigué par la longueur de son titre et sa couverture originale, un bouquin que je n'ai pu lâcher une fois ouvert. Émaillé de dialogues savoureux et parfois cocasses, le récit se présente sous la forme de phrases courtes et percutantes. Pas de chapitres, mais une suite de paragraphes d'inégales longueurs qui nous font cavaler de mots en mots, nous laissant parfois essoufflés. Récit écrit dans l'urgence ? Urgence de vivre ? Voilà un bien beau texte sorti du grenier à (re)découvrir ! 




Rendez-vous sur Hellocoton !