jeudi 25 août 2011

La famille qui ne dormait pas : Enquête sur l'un des plus grands mystères médicaux de notre temps de Daniel T.Max












Éditeur : Robert Laffont
Parution : 23/01/2008
Traduction : Anatole Muchnik
Nombre de pages : 316
Genre : Document

L'auteur :

Daniel T.Max est reporter pour le New York Times Magazine et il publie également dans de grands journaux américains comme The New Yorker, The Wall Street Journal, Chicago Tribune, Los angeles Times.
Il souffre lui-même d'un syndrome dont les manifestations cliniques sont proches de la CMT (maladie de Charcot-Marie-Tooth) et étroitement associé à l'amyotrophie spinale.

Quatrième de couverture :

Tel un roman, ainsi commence l'enquête magistrale de Daniel T. Max, venu à la rencontre d'une famille vénitienne frappée depuis deux siècles par un mal jadis mystérieux: après la cinquantaine, environ la moitié de ses membres, lucides mais épuisés, succombent à une "insomnie fatale "...
Ce sont tous les secrets de ces maladies terribles, où une protéine déformée - le prion - s'attaque au cerveau que l'auteur, lui-même atteint d'une maladie neurologique, a voulu percer. De documents d'archives en interviews exclusives des plus grands scientifiques, Daniel T. Max entraîne son lecteur à travers l'espace et le temps. Après Venise, il nous conduit en Papouasie-Nouvelle-Guinée où la tradition de manger le cerveau des morts a favorisé la propagation du terrible kuru, équivalent de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Il jette un regard critique sur l'Allemagne du XIXe siècle, où le chimiste prussien Liebig eut le premier l'idée d'engraisser les vaches avec... des restes de viande bovine. Ce qui conduira un jour à l'effrayante maladie de la vache folle. Il nous fait découvrir enfin le flamboyant Stanley Prusiner, biologiste prix Nobel 1997, qui a promis de guérir ces maladies - mais pour l'instant, en vain.
Une fresque passionnante sur un fascinant mystère médical. Un récit érudit aussi haletant qu'un polar.

Mon avis :

Voilà une bien passionnante épopée sur les maladies liées au prion, un agent pathogène causant une altération de l'organisme qui se caractérise par une dégénérescence du système nerveux central liée à la propagation des prions chez l'hôte infecté.
L'enquête commence en 1765 à Venise où un médecin d'une grande famille de Vénétie décède d'une maladie mystérieuse : insomnie chronique, difficultés respiratoires intermittentes et paralysie totale deux mois avant sa mort. C'est le début d'une longue malédiction, les prémices d'une maladie fatale et héréditaire qui va se transmettre de générations en générations : l'insomnie Fatale Familiale.
L'investigation se poursuit de façon chronologique avec l'apparition de la tremblante du mouton en Angleterre en 1772. Robert Bakewell, un éleveur de bétail, va jouer à l'apprenti sorcier en pratiquant la méthode du croisement consanguin sur son cheptel pour en améliorer les caractéristiques (bêtes plus grosses et charnues) et il en résultera la scrapie !
L'auteur nous emmène aussi en Papouasie-Nouvelle-Guinée en 1947, sur les traces des Fore, tribu primitive cannibale dont la population est touchée par le Kuru (symptômes similaires à la tremblante),  en Grande-Bretagne dans les années 1980 ou sévit la maladie de la vache folle...
Dans cette captivante enquête dont la rédaction aura pris plusieurs années à son auteur, nous croisons des Prix Nobels comme Max Delbrück et Linus Pauling, le très controversé Carleton Gajdusek et Stanley Prusiner qui reçoit le Nobel de Médecine en 1997 pour avoir démontré que le prion n'est ni un virus ni une bactérie mais bien une proteine qui a adopté un repliement anormal ! L'académie Nobel déclare alors que cette découverte dote la science d'un "nouveau principe biologique d'infection". Stanley Prusiner avait déclaré à l'époque vouloir trouver un reméde avant cinq ans, pour l'instant celui-ci reste toujours à découvrir !
En bref, "la famille qui ne dormait pas" est un ouvrage accessible aux néophytes qui souhaiteraient en savoir plus sur les maladies liées au prion, un excellent ouvrage d'introduction sur un sujet énigmatique et fascinant !

Un extrait :

"Dans les communautés Fore, le cochon matérialise le lien d'individu à individu à travers l'obligation réciproque - je mange ton cochon, tu manges le mien, nous sommes amis. Dans une société où les guerres entre amis sont constantes, l'enjeu est stratégique. C'est dans ce type de contexte que s'inscrivait la consommation de chair humaine. Les différentes parties du corps étaient attribuées selon un code d'obligation et de paiement. S'il s'agissait d'une femme, par exemple, ses belles-filles recevaient bras et jambes, ses belles-soeurs  les fesses, l'intestin et la vulve. S'il s'agissait d'un homme, les testicules revenaient aux épouses de ses oncles. Ces échanges cérémoniels servaient à unir différents groupes du village par un lien d'obligation mutuelle limitant les irruptions de violence en son sein. Toute personne invitée à s'asseoir qui recevait de la nourriture repartait à la fois repue et honorée, ce qui améliorait les perspectives d'alliance avec ses hôtes, du moins pour un temps."

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2 commentaires:

  1. Il a l'air intéressant ce bouquin!!! Je le note pour plus tard

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  2. Très intéressant...et se lisant comme un roman !

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