vendredi 6 juillet 2012

Noir de lune d'Alice Sebold


Editeur : J'ai lu
Parution : 02/09/2009
Traduction : Odile Demange
Nombre de pages : 348
Genre : Littérature américaine

L'auteure :
























Alice Sebold est née le 6 septembre 1963 à Madison, dans le Wisconsin. Elle est l'auteur de "Lucky" une biographie relatant ses mémoires et de deux romans, "La nostalgie de l'ange" et "Noir de lune", qui sont également basés sur son expérience personnelle. Elle vit actuellement en californie avec son mari et dirige des ateliers d'écriture. Son roman "La nostalgie de l'ange" a fait l'objet d'une adaptation cinématographique par le réalisateur Peter Jackson, "The lovely bones, sorti en 2010.

Quatrième de couverture :

" Tout compte fait, je n'ai pas eu de mal à tuer ma mère. " Comment survivre au matricide ? Pendant les vingt-quatre heures qui vont suivre, Helen Knightly se réfugie dans ses souvenirs... Surgissent alors les images d'une enfance passée auprès d'une femme splendide et démente, impitoyable et fragile, qui s'enfonce volontairement dans la maladie. Même après le meurtre, l'amour-haine que Helen voue à sa mère est toujours vivace. Et l'angoisse monte, inéluctablement...

Mon avis :

"Noir de lune" est un roman sombre, vénéneux qui nous relate l'amour passionnel entre une mère et sa fille, un mélange ambivalent d'amour et de haine qui n'a cessé de grandir au fil des années les poussant inéluctablement vers une issue fatale.

"Tout compte fait, je n'ai pas eu de mal à tuer ma mère. Quand elle frappe, la démence ronge sa victime jusqu'au trognon. Celui de ma mère était pourri. On aurait dit de l'eau croupie laissée plusieurs semaines au fond d'un vase.": le roman d' Alice Sebold s'ouvre sur l'aveu du meurtre de sa mère par la narratrice. Au fil des pages, elle revient sur les épisodes essentiels de sa vie, qui vont nous éclairer petit à petit sur les raisons qui ont poussé Helen du matricide psychique au passage à l'acte. Elle raconte la folie grandissante de sa mère, un ancien mannequin pour lingerie devenue agoraphobe, qui vit claquemurée dans son pavillon de banlieue et ne peut dépasser la limite de son jardin. Helen va devenir petit à petit la prisonnière d'une vie ou les relations mère-fille sont inversées et passer à côté de son rôle d'épouse et de mère ainsi que d'une carrière professionnelle pour se consacrer uniquement à sa génitrice.
Le récit se déroule durant les heures qui suivent le meurtre. L'angoisse et les remords d'Helen se partagent avec le soulagement de se sentir libérée de ses chaînes. La narratrice qui se débat entre pulsions de vie et pulsions de mort, va devoir faire des choix cruciaux...  

"Noir de lune" est un récit sans concessions à la narration crue et parfois cruelle, plutôt dérangeant car il se penche sur un sujet tabou : le matricide féminin.  L'auteure n'hésite pas à aller au fond des choses, quitte à heurter son lecteur ! Bien que ce roman fasse partie de mes gros coups de coeur du moment, je le déconseille aux âmes trop sensibles !

Un extrait :

J'ai sans doute caressé la tête de ma mère pendant un long moment. Finalement, j'ai vu la lumière bleue d'une télévision s'allumer de l'autre côté de la rue. Quand mes parents étaient venus s'installer à Phoenixville, le quartier était en pleine expansion, et les jeunes familles familles nombreuses. A présent, ces maisons trapues des années 1940 construites sur des parcelles de dix ares étaient souvent occupées par des locataires un peu fauchés. Ma mère disait qu'on pouvait reconnaître les locataires des propriétaires à ce qu'ils laissaient les maisons pourrir, mais selon moi, c'étaient eux qui empêchaient la rue de se transformer en un mouroir pour personnes âgées seules.
La nuit tombait et il commençait à faire froid. Je regardais le corps de ma mère enveloppé de couvertures de tout son long, et je savais que plus jamais elle n'éprouverait les incertitudes qui accompagnent la fluctuation de l'air ou de la lumière.
"- C'est fini maintenant, lui ai-je dit. C'est fini."
Et pour la première fois, l'ai a été vide autour de moi. Pour la première fois, il n'était pas rempli de haches et de reproches ou d'indignité en guise d'oxygène."



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