vendredi 5 octobre 2012

La Société des Jeunes Pianistes de Ketil Björnstad



Éditeur : Jean-Claude Lattès
Parution : 6 septembre 2006
Traduction : Jean-Baptiste Coursaud
Nombre de pages : 429
Genre : littérature scandinave
 
L'auteur :
 
Ketil Bjørnstad est un compositeur et écrivain norvégien né le 25 avril 1952 à Oslo. Il est également l'auteur de "L'appel de la rivière" (Éditions Jean-Claude Lattès, 2010).
 
Quatrième de couverture :
 
« La Société des Jeunes Pianistes », c'est le nom que se sont donné un groupe d'adolescents passionnées, à Oslo, à la fin des années soixante. A la fois amis et rivaux, ils ont en commun l'amour de la musique ; pourtant, un seul remportera les concours du Jeune Maestro. Tous vont subir une terrible pression de leur entourage, mais surtout d'eux-mêmes. La « Société des Jeunes Pianistes » est un roman initiatique, un concert émouvant, une mélodie grave et subtile sur le désir, la vie et la mort.
 
Mon avis :    
 
« Je songe à la musique, à elle et à elle seule, comme étant la seule possibilité qui s'ouvre à moi dans cette vie. La musique représente le plus grand cadeau que maman m'ait offert, et je me fais dès à présent la promesse de jouer Debussy pour elle, où qu'elle soit... »
 Nous somme à la fin des années soixante, Aksel le narrateur âgé de seize ans  assiste impuissant à la noyade d'Ase, sa mère, lors d'un pique-nique en famille.   Le jeune homme va alors se lancer à corps perdu dans la musique comme si celle-ci avait le pouvoir de faire revivre cette mère tant aimée et précocement disparue. Roman initiatique emprunt de sensibilité et de mélancolie,  « La société des jeunes pianistes » nous relate le parcours semé d'embûches et les amours contrariés d'Aksel et de ses amis musiciens, prêts à tous les sacrifices pour réussir et ne vivant que pour un seul objectif, réussir leur entrée dans le cercle fermé et élitiste des plus grands musiciens.
 
1968 : Anja, Rebecca, Margrethe Irene, Ferdinand et Aksel le narrateur, bien loin des troubles estudiantins qui font rage dans toute l'Europe et L'Amérique du Nord, ne connaissent comme seule révolution que la musique. Ce n'est pas le rock des Rolling Stones ou des Beatles qui les transportent mais les concerts des pianistes virtuoses que sont Arthur Rubinstein,  Sviatoslav Richter et Martha Argerich.
Malgré l'amitié qui les lie, la rivalité fait rage et le piano est un maître exigeant. Tous se préparent pour le concours du « Jeune Maestro » organisé chaque année dans la Salle de Réception de l'Université, lieu que les plus illustres pianistes ont honoré de leur présence. Une salle auréolée de la célèbre peinture de Munch « Le Soleil », dont les rayons peuvent s'avérer fatals pour celui qui aurait le malheur de rater sa prestation, car pouvoir un jour rivaliser avec les plus grands demande un travail acharné et beaucoup de concentration.  Une seule fausse note lors d'une concours et c'est la mort d'une carrière, vous êtes alors banni à tout jamais du sérail. Le narrateur nous décrit le trac, la pression énorme de l'entourage et celle des professeurs. Les critères d'exigences sont démesurés et il ne suffit pas d'être bon, il faut être le meilleur :
« Contre quoi suis-je dès lors en train de me battre, en ce moment ? Les sommets que je veux atteindre ? Là où, à ce qu'il paraît, il fait froid et le vent souffle ? Je redoute ce qui m'attend au tournant. »
Si la passion du narrateur pour la musique est omniprésente à chaque page, « La Société des Jeunes Pianistes » n'est pas seulement un roman sur la musique. Aksel nous livre également son parcours  chaotique, jalonné de déceptions toujours symbolisées par la présence d'un épervier tournoyant au-dessus de sa tête dès qu'un événement dramatique doit se dérouler dans sa vie.  Aksel rencontre des difficultés familiales  dues à l'incommunicabilité avec son père et sa soeur et sa vie sentimentale vire au fiasco. Il nous raconte sa découverte décevante de l'amour dans les bras de Margrethe Irene, partagé entre honte et volupté et surtout sa passion impossible pour la diaphane et distante Anja qui n'a qu'un seul amour, son piano Steinway...
 
Je ressors secouée par la lecture de ce roman qui nous décrit sans détour les coulisses d'un univers sans pitié, aussi cruel que magique. Un monde que Ketil Bjørnstad connaît parfaitement pour avoir lui-même remporté le Grand Concours des Jeunes Pianistes d'Oslo à l'âge de quatorze ans.  Servi par un style fluide et sans fioritures, ce récit se lit d'ailleurs avec beaucoup d'aisance. La teneur dramatique de l'histoire aurait pu la rendre indigeste mais les événements décrits avec beaucoup de poésie et de sensibilité combinés avec la passion de l'auteur pour la musique qui transpire à travers ces pages en atténue le côté sombre. Au final, le virtuose de la musique nous démontre qu'il sait aussi parfaitement composer avec les mots !

Un extrait du concert donné par Ketil Bjørnstad au festival international de jazz de Jarasum :
 
 
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5 commentaires:

  1. Isabelle Larpent-Chadeyronsamedi, 06 octobre, 2012

    Dans la même veine, je te conseille 'Nos vies désaccordées', de Gaëlle Josse, aux éditions Autrement.

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  2. Je note cette lecture intéressante qui peut, de plus entrer dans un de mes challenges.

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  3. Merci beaucoup Isabelle, je note le titre !

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  4. Un très beau roman Jostein, j'en sors toute remuée !

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