samedi 19 janvier 2013

Le Roman du parfum de Pascal Marmet





















Éditeur : Editions du Rocher 
Parution : 07/12/2012
Nombre de pages : 260
Genre : Roman-document

L'auteur :

















Pascal Marmet né en banlieue parisienne, est titulaire d'une licence de lettres. Il dirige actuellement l'Hotel Aria situé à Nice, où il organise régulièrement des soirées littéraires avec des invités de marque. Il présente chaque semaine des chroniques littéraires sur Agora FM. Pascal Marmet est l'auteur de "Ludmilla" (1996), "Le prince de Paris" (2001), "Il y a longtemps" (2008) et "Si tu savais" (2010) et "À  la folie" (2012).

Quatrième de couverture :

A six mille pieds au-dessus des nuages, entre Paris et Los Angeles, l'acteur Tony Curtis souffle ses derniers printemps tandis qu'une jeune inconnue au " nez absolu " amorce une carrière dans le parfum. Une discussion s'engage, leur amitié s'ébauche. Tony Curtis devient l'atomiseur qui répand les senteurs et se mue en joyeux répétiteur du cours d'histoire que Sabrina doit apprendre sur le bout du nez.
De l'Egypte antique aux créateurs parfumeurs du XXIe siècle, vous saurez tout sur le parfum : ses écoles, ses nez, ses secrets de fabrication, ses mensonges, son marketing, son immense pouvoir sur nos sociétés, et sa poésie. Mais tout commence sous l'auvent d'un libraire de Grasse. L'auteur rencontre une jeune femme au nez peu ordinaire. Sous une pluie battante, elle lui confie son histoire. Un roman à la frontière du reportage, un livre document capiteux et captivant, instructif et troublant.

Mon avis :

« Les odeurs, comme les sons musicaux, sont de rares sublimateurs de l'essence de la mémoire. » disait Georges du Maurier. Avec son dernier ouvrage, Pascal Marmet nous entraîne dans le sillage merveilleux des parfums, de l'antiquité à nos jours, et nous fait revivre en parallèle, les grandes heures d'Hollywood à travers le destin extraordinaire et parfois tragique de stars mythiques du cinéma, dont le célébrissime Tony Curtis, que l'auteur a bien connu.

Aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, Sabrina, un "nez" hors du commun dont l'allure distinguée n'est pas sans rappeler celle d'Audrey Hepburn, s'envole pour Los Angeles. Son voisin de siège n'est autre que Tony Curtis, l'inoubliable interprète de Danny Wilde dans la série britannique culte "Amicalement vôtre". Le temps d'un voyage, la jeune parfumeuse et l'acteur vont sympathiser. Une complicité va naître entre ces deux  personnages que les hasards heureux de la vie vient de réunir pour quelques heures et ils vont échanger des confidences sur leurs vies. 
Tony raconte son histoire, , celle du petit juif du Bronx né Bernard Schwartz, en proie aux injures antisémites et à la misère galopante qui règne sous l'époque de la grande Dépression. Il se voit contraint d'exercer le métier de cireur de chaussures pour pouvoir rapporter quelques dîmes à sa famille qui peine à survivre. A force de courage et de ténacité, gâté par les dieux qui l'ont gratifié d'un physique remarquable, ce dernier se hissera pour toujours dans le rang des plus grandes stars hollywoodiennes.
Sabrina, jeune femme de condition modeste, passionnée d'Histoire et de littérature, se distingue de ses pairs grâce à un odorat d'une extrême sensibilité. Un aller simple en poche pour rejoindre Grasse la capitale du parfum, et la jeune Biarrote fait la connaissance d'Etienne Gaillard, créateur de fragrances aux talents reconnus, lors de la cueillette des roses de mai. Ce dernier va jouer les pygmalions et l'introduire dans le monde merveilleux mais très fermé des compositeurs parfumeurs. Elle narre son parcours atypique à l'acteur et va lui faire découvrir l'histoire et les légendes tissées autour du parfum... 
 
Nous faisant cheminer à travers le Péloponnèse, la Perse, la péninsule Ibérique ou l'Italie, l'auteur réussit la gageure de nous faire rêver et voyager  et l'on peut presque sentir les fragrances de l'ylang-ylang, la lavande, le bois de rose ou les hespéridés. Nous croisons le chemin des créateurs de parfums mythiques ou contemporains et, cerise sur le gâteau, l'auteur nous offre une visite guidée chez Molinard, Gallimard, et Fragonard, les parfumeurs incontournables qui rayonnent en maîtres sur la capitale Grassoise.
Sous la plume alerte et empreinte d'élégance de Pascal Marmet, "Le Roman du parfum" est un récit qui balance entre modernité et nostalgie et qui  se dévore comme une gourmandise qui viendrait titiller nos papilles . Si tout comme moi, vous craquez pour les parfums et l'aura mystérieuse des stars légendaires de StarStruck Town, n'hésitez pas à faire un détour dans l'univers grisant de l'auteur et laissez-vous enivrer !
 
Un extrait :

La première fois où je pris conscience du royaume des odeurs, ce fut sous un tilleul.
L'été naissait. Ce dimanche serait festif avait décrété mon père. En direction des Pyrénées, nous avons embarqué dans la Peugeot 505 break. J'avais cinq ans, nous habitions Biarritz. Sans saveur à mes yeux, le monde possible n'existait que dans la cuisine de maman.
Jusqu'à ce jour de réjouissances. Sous un arbre vêtu d'un distingué manteau de fleurs blanches, ma mère a étalé une large couverture. Nous avons pique-niqué dans le murmure de l'air en mouvement, le parfum des floraisons nouvelles, la rumeur des voix et les chants aigus des rossignols. C'est alors qu'une silencieuse et subtile fête s'est, dans mon nez, conviée sans convocation.
Dans cet éclat de dame nature, un parfum suave, entêtant, baignait l'entour, rendait l'air pétillant. Cela tenait du jasmin ou de l'iris, mais sans être ni l'un ni l'autre. Cela fraternisait avec le foin ou la vanille sans en avoir le fond d'escarbille. C'était frais, pur, fluide et charnel à la fois et, par tous les pores, cela se répandait sur mon visage. Quand l'orage d'un gris anthracite a menacé, le ciel s'est plombé. C'est alors que des seaux d'eau ont traversé le ciel. Au milieu de cette approximative nuit, l'arbre a irradié comme s'il avait emprisonné du soleil dans ses feuilles. Une cascade d'effluves et de bienfaits s'est répandue sur mon front. Je buvais cette odeur, m'en empreignais jusqu'à l'ivresse, je m'y noyais.
En moi, ma première expérience olfactive a demeuré. Longtemps, maman a raconté la crise incompréhensible que je leur avais fait subir lorsque nous avons quitté le végétal pour l'asphalte. J'ai su, ce jour-là, que rien n'était plus précieux que le contact de la terre, de l'herbe, des fleurs. Je saisissais enfin le miracle de la vie.


Pascal Marmet et Tony Curtis
Merci à Pascal Marmet pour l'envoi de ce livre.

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1 commentaire:

  1. Une très bonne lecture que je recommande à toutes et à tous.
    très bien documenté avec un style génial
    Bravo à l'auteur et aussi à ce blog qui met en avant de bons livres..

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