Editeur : Points
Parution : 19/05/2011
Traduction : Olivier MannoniNombre de pages : 343
Genre : Littérature suisse
L'auteur :
Martin Suter est un écrivain suisse alémanique né en 1948 à Zurich. Il a exercé les métiers de publicitaire, journaliste et scénariste. Il est l'auteur de : "Small World", adapté au cinéma en 2011 par Bruno Chiche, sous le titre "Je n'ai rien oublié", "La face cachée de la lune", "Un ami parfait", "Lila, Lila", "Le diable de Milan", "Le dernier des Weynfeldt", "Business class" et dernièrement "Allmen et les libellules".
Licencié du restaurant où il cuisine, Maravan, jeune réfugié tamoul, lance sa propre entreprise, Love Food. Son principe : servir des dîners aphrodisiaques à domicile. Le succès est immédiat, tous les couples en mal de désir se précipitent chez le maître des préparations moléculaires. Mais jour après jour, ses repas érotiques attirent une faune plus étrange...
« Un polar culinaire à base de miel et de fiel. Succulent. »
L'express.
Mon avis :
Encore une recette signée Martin Suter, qui se révèle des plus savoureuses et qui ne manque pas d'épices ! D'une plume toujours aussi envoûtante et trempée dans l'humour acide qui le caractérise, l'auteur nous entraîne dans les secrets de Maravan, un cuisinier surdoué et spécialiste des préparations culinaires ayurvédique !
Le récit se déroule en 2008 avant la reddition des Tigres de Libération de l'Eelam tamoul. Maravan a choisi de fuir le Sri Lanka où la guerre civile bat son plein pour tenter sa chance en Suisse. Mais son arrivée coïncide avec celle de la crise financière et économique et ce n'est pas l'Eldorado tant espéré qui sera au rendez-vous !
Maravan n'a qu'une passion, s'adonner à la cuisine tamoul dont les secrets lui ont été transmis par sa grande-tante. Homme à tout faire dans les cuisines du "Huviler", un restaurant spécialisé dans la cuisine moléculaire, Maravan est cantonné aux tâches subalternes et malmené par ses collègues.
Consécutivement à son licenciement, il décide de créer "Love food", une société de restauration à domicile spécialisée dans la cuisine aphrodisiaque. Très vite, ses préparations culinaires rencontrent un vif succès, les commandes affluent, la réussite est au rendez-vous. Maravan va être cependant rapidement dépassé par les évènements. Bientôt, des financiers peu scrupuleux, des call-girls et des marchands d'armes réclament ses services. Doit-il choisir l'appât du gain ou le respect des principes moraux et spirituels liés à ses traditions ?
Dans ce roman, j'ai retrouvé le style singulier de l'auteur qui m'avait charmé dans ses précédents ouvrages : des phrases simples et sans fioritures mais toujours percutantes, un sens inouï du détail qui sonne vrai, une intrigue remarquablement bien ficelée, des personnages bien campés. Avec "Le cuisinier", Martin Suter nous fait découvrir une nouvelle facette de son talent. En véritable magicien des mots, il réussit à nous mettre les papilles en éveil, nous donnant l'impression de humer les ingrédients exotiques et les arômes des épices dont Maravan imprègne ses plats :
"Le padachi aux fleurs de nîm était déjà prêt. Il l'avait préparé à l'ancienne, avec les fleurs amères du margousier, le nectar suave des fleurs de palmier de Palmyre mâles, le jus acide des fruits du tamarinier, la chair de fruit fraîche de la mangue et l'enveloppe piquante des piments. Car un padachi aux fleurs de nîm devait avoir le goût de la vie : amer, sucré, acide, frais et épicé".
Martin Suter m'a une fois de plus bluffée par son talent ! L'originalité de l'intrigue mêlant la cuisine orientale, les magouilles politico-financières et la guerre civile du Sri Lanka, donne une recette particulièrement efficace, relevée et tout simplement délicieuse !
Un extrait :
"Et c'est ainsi que Maravan, le tamoul prépara sans se douter de rien pour Razzaq, le Pakistanais, un repas au cours duquel se nouerait une affaire qui, par quelques détours, permettrait à l'armée Sri-Lankaise de se procurer des chars suisses d'occasion.
Le commanditaire voulait surprendre ses invités en leur offrant un menu pakistanais classique. Maravan se permit d'y ajouter encore quelques surprises.
Il fit de l'arhar dal, le plat de lentilles classique, une interprétation en anneau de dal risotto, et l'accommoda à l'air de coriandre et à la mousse de citron.
Il maria avec un peu de gélatine le nihari, un curry de boeuf mijoté pendant six heures à tout petit feu, pour en faire un praliné de nihari, et l'assortit d'une émulsion d'oignons et de chips d'oignon étalées sur une purée de riz."
Le "style singulier de l'auteur" est aussi, en français, celui de son traducteur, Olivier Mannoni, comme pour tous les autres livres à l'exception de Small World... Ne nous oubliez pas, sans nous, pas de littérature traduite!
RépondreSupprimerJe n'ai rien dit, il y est!!
RépondreSupprimerRemarquable traduction !
RépondreSupprimerJe prends un peu plus le temps de découvrir ton blog. Présentation très complète de l'auteur et du livre. Tu me donnes des complexes...
RépondreSupprimerContinue ainsi.
Merci Pascal.
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