Parution : 13 janvier 2011
Traduction : Jean-Luc Piningre
Nombre de pages : 466
Genre : Littérature australienne
L'auteur :
Christos Tsiolkas, né en 1965 à Melbourne, est un écrivain australien d’origine grecque. Auteur de romans et de pièces de théâtre, on trouve parmi son œuvre : Loaded (1995), porté à l'écran par Ana Kokkinos sous le titre "Head On", The Jesus Man (1999), The Devil's Playground (2002) et Dead Europe (2005).
Quatrième de couverture :
Lors d’un barbecue entre amis, un adulte gifle un enfant qui n’est pas le sien.
Un incident qui va créer une onde de choc parmi les invités et provoquer une série d’événements explosifs. Elle révèle aussi derrière les belles apparences, le racisme ordinaire, la drogue, l’alcool, la honte et une extrême solitude.
Tour à tour violent et bouleversant de tendresse, un très grand roman qui dresse, avec une formidable lucidité, le tableau d’un Occident en pleine confusion.
Mon avis :
Gifle, simple gifle ? Non, trop réducteur pour rendre hommage à ce roman puzzle, claque retentissante et révélatrice qui va ouvrir le bal sur les failles actuelles de nos sociétés qui se lézardent . L'Homme ce pauvre mortel, pétri par ses certitudes et englué dans ses habitus, voilà ce que nous décrit l'auteur, sous forme d'un petit abécédaire des carences et fêlures que peuvent rencontrer nos contemporains.
Christos Tsiolkas, en auteur inspiré, nous délivre un superbe roman polyphonique. Chaque chapitre s'ouvre sur la petite lucarne intérieure de chacun des protagonistes de cette histoire... et l'on se délecte car tout va crescendo.
Si tout commence par quelques parties de jambes en l'air et rails de coke en série, ne boudez pas cette lecture qui pourrait vous sembler insipide et superficielle sur la centaine des premières pages qui composent ce roman, car plus on avance dans cette lecture, et plus les personnages gagnent en densité. Pas de faux-semblants ni de langue de bois, Christos Tsiolkas appelle un chat un chat, une prise de risque certaine mais un pari réussi.
Les personnages sont tour à tour agaçants, puérils, émouvants, lâches, mesquins, généreux, soiffards ou braillards, mais ce qui fait la grande force de ce roman est que chacun d'entre eux sont terriblement humains et brossés avec beaucoup de justesse.
Rosie, femme-enfant écorchée par la vie qui veut crier à la société qu'elle est un bonne mère, et qui ne peut se résoudre à finir d'allaiter son enfant-bouclier de quatre ans...
Manolis le grand-père, gagné par la nostalgie du temps perdu, qui feuillette inlassablement la rubrique des avis de décès dans le journal, avec la peur du temps qui passe et la grande faucheuse qui gagne du terrain...
Gary avec son alcoolisme héréditaire et galopant et sa plongée progressive dans les abîmes ...
Aisha qui voit poindre la quarantaine, découvre les fêlures dans son couple et se lance dans une relation adultère...
Richie l'adolescent gay qui trouve le courage de faire son coming-out, après un tentative de suicide...
"La gifle" est un roman qui m'a secoué par la violence de son soufflet. Terrible de lucidité, l'écriture est si fluide et prenante que l'on tourne les pages sans se soucier des heures qui passent. Une claque un peu similaire à celle que j'avais reçue en lisant "La puissance des vaincus" de Wally Lamb, magnifique roman sur les séquelles laissées par la guerre et les secrets de famille !
Un extrait :
"Voilà ce qu'étaient finalement l'amour, son allure, son essence, une fois disparus la luxure, l'extase, le danger, l'aventure. Il reposait avant tout sur la négociation, sur deux individus qui acceptent les réalités sales, banales, et domestiques d'une vie partagée. Cet amour-là assurait une forme de bonheur familier. Toute alternative était probablement impossible, inaccessible, et il valait mieux renoncer à l'inconnu."
"Voilà ce qu'étaient finalement l'amour, son allure, son essence, une fois disparus la luxure, l'extase, le danger, l'aventure. Il reposait avant tout sur la négociation, sur deux individus qui acceptent les réalités sales, banales, et domestiques d'une vie partagée. Cet amour-là assurait une forme de bonheur familier. Toute alternative était probablement impossible, inaccessible, et il valait mieux renoncer à l'inconnu."
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