samedi 23 janvier 2016

La goutte d'or de Michel Tournier






















Éditeur : Gallimard
Parution : 16/12/1985
Nombre de pages : 262
Genre : littérature française

L'auteur :














Né à Paris en 1924 et mort le 18 janvier 2016, Michel Tournier a suivi des cours de philosophie à la Sorbonne et à l'université de Tübingen. Après son échec à l'agrégation de philosophie, ce dernier anime des émissions pour Radio France et Europe 1 et collabore au Monde et au Figaro. Celui qui se décrivait malicieusement comme un "contrebandier de la philosophie est plus particulièrement connu pour  : "Vendredi ou les Limbes du Pacifique" (1967), "Le Roi des aulnes" (Prix Goncourt, 1970), "Vendredi ou la Vie sauvage" (1971), "Les Météores" (1975) et Gaspard, Melchior & Balthazar (1980).

Quatrième de couverture : 


"Donne-moi la photo." Idriss gardait ses chèvres et ses moutons non loin de l'oasis de Tabelbala quand une Land Rover a surgi. Une jeune femme blonde aux jambes nues a pris en photo le petit berger saharien. Sa photo, elle la lui enverra dès son retour à Paris. Idriss a attendu en vain. Son image volée ne lui a pas été rendue. Plus tard, quand il va partir vers le nord et jusqu'à Paris pour chercher du travail, il va se heurter à des images de lui-même qu'il ne reconnaîtra pas.
Perdu dans un palais de mirages, il s'enfoncera dans la dérision jusqu'à ce qu'il trouve son salut dans la calligraphie. Seul le signe abstrait le libérera de la tyrannie de l'image, opium de l'Occident.


Mon avis :

Il était une fois un jeune berger berbère qui vivait heureux au sein de sa communauté d'oasiens, dans un petit village nommé Tabelbala. Heureux au milieu de ses bêtes, le jeune berger coulait des jours heureux sous la caresse du soleil et l'amour bienveillant et protecteur que lui prodiguait sa famille. Une félicité qui vole en éclats le jour où le jeune Idriss croise la route d'une jolie touriste blonde sillonnant le désert à bord d'une Land Rover. Cette dernière lui fait la promesse de lui renvoyer la photo qu'elle a prise de lui. Idriss, confiant,  espère en vain recevoir un cliché qui n'arrive pas. Après deux ans d'attente, le jeune homme quitte le cocon familial pour se rendre à Paris, afin de récupérer cette image promise et dérobée. Après un long périple et des conditions de voyage spartiates, le jeune homme retrouve son cousin Achour et le foyer Sonacotra qui sera sa nouvelle demeure. Ce dernier déchante de jour en jour, se retrouvant difficilement au milieu des images factices véhiculées sur sa petite oasis. De plus, sa candeur et sa jeunesse font de lui une proie sur laquelle fondent des vautours mal attentionnés. Fuyant le cortège de déconvenues que lui apporte "l'image" en pratiquant la calligraphie, Idriss finira enfin par trouver l'apaisement : "L'effigie est verrou, l'idole prison, la figure serrure. Une seule clef peut faire tomber ces chaînes : le signe." 

Roman écrit à la troisième personne, "La Goutte d'or" relate l'histoire d'un jeune berbère (attiré par le chant des sirènes que représente le monde occidental) qui va perdre sa "liberté" dans le culte de l'image. L'histoire se déroule à une époque où "l'Office national algérien de la main-d'œuvre" acheminait en moyenne 30 000 travailleurs algériens en France (de 1963 à 1973) afin de faire face à la pénurie de main-d'oeuvre. Idriss, comme la plupart des travailleurs exilés volontaires, va se retrouver confronté à la difficulté de trouver sa place dans un monde aux règles et aux idées nouvelles, un monde qui se trouve être aux antipodes du sien. Il finira cependant par acquérir ses propres repères et réussira à se défaire du pouvoir aliénant de l'image en goûtant à la calligraphie. Il serait cependant dommage de réduire le roman qu'est "La goutte d'or" au récit des déboires d'un jeune berbère naïf foulant le sol parisien. C'est aussi un récit à la dimension féerique, notamment quand l'auteur s'octroie une pause enchantée dans cette aventure, nous captivant avec les contes de "Barberousse" et de "La reine blonde".
Un pied ancré dans la réalité, un pied foulant les terres de l'imaginaire et nous permettant de renouer avec notre notre âme d'enfant... Une dualité qui génère la force narrative des écrits de Michel Tournier !


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