lundi 25 avril 2016

Les maraudeurs de Tom cooper
























Éditeur : Albin Michel
Parution : 04/05/2016
Traduction : Pierre Demarty
Nombre de pages : 399
Genre : littérature américaine

L'auteur :





















Tom Cooper, qui est né à Fort Lauderdale en Floride, vit maintenant à La Nouvelle-Orléans. Auteur de nombreuses nouvelles, publiées dans plusieurs magazines littéraires, il a été nominé à quatre reprises pour le  Pushcart Prize. Fort de son succès outre-Atlantique, le roman "Les maraudeurs" sera prochainement adapté à la télévision par les producteurs de Breaking bad. L'auteur travaille actuellement sur son prochain roman "Southern Hospitality".

Quatrième de couverture :

Petite ville de Louisiane dévastée par l'ouragan Katrina, Jeanette survit tant bien que mal grâce à la pêche à la crevette. Mais cinq ans plus tard, la marée noire provoquée par la rupture d'une plateforme pétrolière vient polluer ses côtes, livrant les habitants au désespoir.

On y croise quelques personnages hauts en couleur ou parfois franchement inquiétants : Gus Lindquist, un pêcheur manchot esquinté par la vie, accro à l'alcool et aux antidouleurs, qui a gardé au coin de sa tête son rêve de gosse : retrouver le trésor du célèbre flibustier Jean Lafitte; Hanson et Cosgrove, deux losers magnifiques, et Wes Trench, un adolescent en rupture avec son père; les frères Toup, jumeaux psychopathes, qui accessoirement cultivent la meilleure marijuana du coin; ou encore Brady Grimes, mandaté pour inciter les familles sinistrées à renoncer aux poursuites judiciaires en échange d'un chèque...
Mariant avec une virtuosité réjouissante noirceur, cynisme et humour corrosif, Tom Cooper réussit à rendre palpables la torpeur du bayou et le désarroi d'une communauté qui lutte tant bien que mal contre sa propre disparition. 

Mon avis :


Bienvenue au grand bal des fricoteurs du bayou. Voleurs, menteurs, loosers ou psychopathes, sortis tout droit de leur marigot natal, ils attirent autant les embrouilles que les mouches à merde. Menant une vie à l'exact opposé du rêve américain et vivant principalement de rapine, il leur arrive parfois de récolter quelques biftons en allant pêcher la crevette. Une manne qui se fait de plus en plus rare depuis la marée noire, nos pêcheurs attrapant plus de boulettes de mazout que de crustacés dans leurs filets ! Alors, ils anesthésient leur douleur et se consolent comme ils peuvent. En gobant des analgésiques comme des smarties, en rêvant du trésor du pirate Jean Lafitte, en fumant la ganja des frères Toup ou en s'arsouillant au Sully'Bar. 
Dénutris et intoxiqués tels des cormorans mazoutés, les personnages de Tom Cooper semblent lutter pour leur survie à chaque instant, englués dans une misère noire qui s'accroche à leurs basques comme le ferait les hydrocarbures sur le plumage des oiseaux. Un roman qui serait triste à pleurer si l'auteur ne maniait pas l'humour avec autant de dextérité !

Hilarant, cynique et dérangeant, voilà un roman choral à mi-chemin entre le cinglant "Affreux, sales et méchants" (farce cruelle et petit chef d'oeuvre du cinéma signé du regretté Ettore Scola) et l'excellentissime "Conjuration des imbéciles" de John Kennedy Toole (notamment pour sa galerie de personnages plus givrés les uns que les autres). 
Vous aimez les intrigues loufoques et les personnages déjantés ? Alors ce livre vous tend les bras !


Trois bonnes raisons de le lire : 

- Pour les blagues vaseuses de Lindquist, commençant toutes par "Toc toc toc..." 
- Pour la plume de Tom Cooper, bien plus corrosive que de l'acide triflique !
- Pour le dépaysement au cœur du Bayou, les saveurs du gombo que l'on imagine sortant d'une marmite fumante et le rythme endiablé de la musique zydeco !

Un extrait :

" Cosgrove se leva, serra les lèvres et baissa les yeux sur les chaussures qu'il avait louées pour l'occasion. "Il s'en remettrait au seigneur et n'a jamais dévié du droit chemin", dit-il, répétant les paroles d'un télévangéliste sur lequel il était tombé la veille dans sa chambre de motel. Dès qu'il eut prononcé ces mots, il se rendit compte qu'ils sonnaient faux. Et pour son père, et pour lui-même. En réalité, rien n'était moins droit que le chemin qu'avait suivi son père, ses pérégrinations d'un bout à l'autre du pays évoquant plutôt la ligne sinueuse de pointillés qu'on voit se dessiner sur les cartes dans les films, laissant dans son sillage une montagne de chèques en bois, de factures d'avocat et de citations à comparaître.
Ce soir-là, Cosgrove quitta son motel pour se rendre dans un bar du Vieux Carré français et défia trois hommes d'affaires sibériens autour d'une bouteille de bourbon Basil Hayden qu'ils éclusèrent shot après shot. La dernière chose dont il devait se souvenir avant de sombrer fut sa dispute avec l'un des trois types à propos de la Coupe du monde, dont il ne savait rien et se fichait comme de l'an quarante. Il s'était retrouvé à serrer la tête d'un mec sous son bras, sa tête à lui serrée sous le bras d'un autre, et ils avaient valsé ensemble dans le bar telle une espèce de monstre tentaculaire, renversant les tables et les chaises sur leur passage.
Fin du souvenir.
Le lendemain matin, Cosgrove se réveilla avec une gueule de bois carabinée. Dans une cellule. Couché sur le sol en position fœtale. Six ou sept autre âmes damnées la partageaient avec lui, des types au regard impitoyable qui donnaient l'impression de chercher les emmerdes depuis le jour où ils étaient venus au monde."





              Merci à Pierre de Babelio et aux éditions Albin Michel.



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