dimanche 2 avril 2017

N'essuie jamais de larmes sans gants de Jonas Gardell




















Éditeur : Gaia
Parution : 07/09/2016
Traduction : Jean-baptiste Coursaud & Lena Grumbach
Nombre de pages : 588
Genre : littérature suédoise

L'auteur : 















Né en Suède en 1963, Jonas Gardell est Docteur en théologie, romancier, dramaturge, scénariste et comédien. Très apprécié en Suède pour son humour décapant, il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, traduits dans plus de vingt langues. N'essuie jamais de larmes sans gants a reçu le Prix Libr’à Nous 2017 dans la catégorie littérature étrangère. 


Quatrième de couverture : 


1982. Rasmus vient d’avoir son bac et quitte la Suède profonde pour la capitale. À Stockholm, il va pouvoir être enfin lui-même. Loin de ceux qui le traitent de sale pédé. Benjamin est Témoin de Jéhovah et vit dans le prosélytisme et les préceptes religieux inculqués par ses parents. Sa conviction vacille le jour où il frappe à la porte d’un homme qui l’accueille chaleureusement, et lui lance : « Tu le sais, au moins, que tu es homosexuel ? »

Rasmus et Benjamin vont s’aimer. Autour d’eux, une bande de jeunes gens, pleins de vie, qui se sont choisis comme vraie famille. Ils sont libres, insouciants. Quand arrive le sida. Certains n’ont plus que quelques mois, d’autres quelques années à vivre.
Face à une épidémie mortelle inconnue, toutes les politiques sociales ou sanitaires du « modèle suédois » échouent. Les malades séropositifs sont condamnés à l’isolement et à l’exclusion.
Un témoignage unique sur les années sida, un roman bouleversant.

Mon avis : 

- A ce qu'on m'a raconté, ces  élans sont blancs à cause d'une disposition génétique. Ils ne sont pas albinos mais bêtement différents. Dans cette région du Värmland, il en existe toute une lignée. Autrefois on leur attribuait des pouvoirs magiques, paraît-il qu'en tuer un portait malheur.
- Qui voudrait tuer un aussi bel animal ? s'exclame maman incrédule.
- Beaucoup de gens. Des gens qui trouvent qu'il n'a rien à faire chez nous , que son existence est une aberration de la nature. Qu'il est dégénéré si tu vas par là.
- Pourtant il existe proteste Rasmus.
- Certes, mais... Oui, non, enfin si, soupire papa. Il existe, ça on ne peut pas lui enlever.

Nous sommes dans les années 1980. Rasmus, qui se sent aussi déraciné que l'élan blanc qui a croisé son chemin quand il était petit garçon, quitte la ville de Koppom à l'âge de dix-neuf ans pour rejoindre les sirènes de Stockholm. Là-bas, il le sait, il pourra trouver le terreau qui lui sera favorable et oublier les quolibets pesants de ses camarades qui ne l'acceptent pas et se moquent de sa différence. Paul, de dix ans son aîné, va le prendre sous son aile et l'intégrer dans la famille de cœur qu'il a constituée, un noyau fort composé d'hommes qui veulent vivre leur singularité en toute liberté, et oublier le regard pesant que la société porte sur leur mode de vie que la plupart jugent indigne. Grisés par leurs désirs et ne sachant pas qu'une menace mortelle et inconnue les guettent, ces derniers vont multiplier les conduites à risques, fonçant plus sûrement vers la mort qu'un pilote qui conduirait un bolide à deux cent à l'heure sur une piste verglacée. Rasmus, lui-même, va multiplier les étreintes sans lendemain, avant de rencontrer Benjamin qui sera l'amour de sa vie. Il ne le sait pas, mais il est déjà trop tard ! Il a été contaminé par un virus destructeur qui va les décimer les uns après les autres, transformant les beaux éphèbes qu'ils étaient en vieillards prématurés et agonisants...

Mi-document, mi-roman, N'essuie jamais de larmes sans gants est un ouvrage sans concession sur le spectre du SIDA qui vint frapper de plein fouet et décimer une large frange de la population gay des années quatre-vingt ! Difficile de ne pas être ému par ce témoignage percutant qui a tout sauf la saveur sucrée d'un conte de fées. L'écriture de Jonas Gardell est incisive, riche en métaphores et d'un humour grinçant qui permet au lecteur de reprendre son souffle entre deux plongées en apnée au milieu de cette hécatombe ! 
Voilà une lecture que vous pourrez parcourir sans gants... mais pas sans mouchoirs ! 



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