Éditeur : Olivier Moratel Éditeur
Parution : 09/01/2019
Nombre de pages : 112
Genre : littérature française
L'auteur :
Quentin Mouron est un écrivain canado-suisse né à lausanne en 1989.
Il est l'auteur de plusieurs romans : "Au point d'effusion des égouts"(2011) qui rencontre un accueil très favorable en Suisse francophone, "Notre-Dame-de-la-Merci" (2012) et "Trois gouttes de sang et un nuage de coke" (2015) paru aux éditions de la Grande Ourse ainsi qu'en version poche chez 10/18.
Début janvier. Un jeune cadre prend le narrateur en auto-stop. Ils roulent jusqu'à Vesoul, en Haute-Saône. Rapidement, les événements s'enchaînent : les deux hommes sympathisent, se découvrent une même envie d'adhérer au monde. Ils fréquentent tour à tour un salon du livre, un festival des sexualités, un congrès entrepreneurial. A la manière de Bouvard et de Pécuchet modernes, ils s'enthousiasment pour les discours et les pratiques les plus contradictoires.
A leur insu, ils inventorient les ridicules de notre temps, ils cartographient l'époque. Ils se passionnent tantôt pour la littérature locale, tantôt pour le voguing – danse née dans l'underground new-yorkais des années 70 – tantôt pour la poésie sonore, tantôt pour les plats cuisinés à base de sorgho – qui a récemment remplacé le chia dans la catégorie des graines tendances. Les deux personnages sont nomades.
Ils évoquent ces picaros du seizième siècle, avides de dévorer le monde, prêts à tout risquer pour un moment de plaisir.
Mon avis :
« Les cadres, les financiers, les businessmen ont une fascination maladive pour l'authentique, l'agricole, l'artisanal, pour tous les secteurs de l'activité humaine qu'ils ont contribué à détruire. Tant que la production agricole occupait visiblement l'espace économique européen il n'y avait aucune raison de se pâmer devant un horticulteur, d'entrer en transe pour un fromage de chèvre ou un kilo de fumier bio ; ce n'est qu'en disparaissant que l'agriculture put accéder à la dignité de mémoire vivante. Aujourd'hui, se balader dans les ruines de la France agricole donne aux citadins des frissons athéniens ; ils visitent un monde qui n'existe plus, qu'ils ont détruit, et dont les restes, à l'état de traces, sont autant de reliques devant lesquelles il convient de plier les genoux. »
Né en Espagne au XVIe siècle, le roman picaresque narre les aventures cocasses et rocambolesques de personnages issus du petit peuple. Roublards et vivant en marge de la société, ces derniers bousculent et contestent l'ordre établi à travers les multiples péripéties vécues au fil de leur errance.
Se considérant de la race du picaro des temps modernes, l'antihéros de ce récit, décidé à parcourir les routes de France et de Navarre, rencontre celui qui va devenir son maître à penser en faisant du stop. Cadre trentenaire, Saint-Preux se rend à Vesoul pour assister à un congrès. Les deux compères vont vivre un périple riche en aventures dans cette commune de l'est de la France, notamment en un certain 7 janvier 2015, jour de l'attentat perpétré contre le journal satirique Charlie Hebdo...
Avec beaucoup d'humour et de dérision, l'auteur se moque des travers de nos sociétés modernes. Du politiquement correct à la mondialisation, du fanatisme à l'omniprésence (voir l’omnipotence) des réseaux sociaux dans notre quotidien, de sa plume acide, irrévérencieuse et cocasse celui que les helvètes surnomment le « Houellebecq suisse » dresse une véritable radioscopie du monde actuel !
Un livre impertinent et dans l'air du temps dont je vous recommande chaudement la lecture !
Merci à Olivier Moratel Éditeur.
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