lundi 25 juillet 2011

L'Origine de la violence de Fabrice Humbert






















Éditeur : Le livre de poche
Parution : 07/04/2010
Nombre de pages : 352
Genre : Littérature Française

L'auteur :






















Fabrice Humbert, agrégé et docteur ès Lettres, est enseignant au Lycée franco-allemand de Buc.  Il est l’auteur de plusieurs romans : "Autoportraits en noir et blanc", paru aux éditions Plon en 2001, "Biographie d’un inconnu", paru aux éditions Le Passage en 2008. L'origine de la violence" publié en 2009 a reçu le Prix Orange en 2009, le Prix Littéraire des Grandes Écoles et le Prix Renaudot du livre de poche en 2010.

Quatrième de couverture :


Lors d’un voyage scolaire en Allemagne, un jeune professeur découvre au camp de concentration de Buchenwald la photographie d’un détenu dont la ressemblance avec son propre père le stupéfie et ne cesse de l’obséder. Ce prisonnier, David Wagner, est en fait son véritable grand-père. Peu à peu se met en place l’autre famille, la branche cachée, celle dont personne chez les Fabre n’évoque l’existence… Au cours de sa quête, le jeune homme comprend qu’en remontant à l’origine de la violence, c’est sa propre violence qu’on finit par rencontrer…

Mon avis :

Bon autant vous l'avouer tout de suite, j'ai été bluffée par "L'Origine de la violence", un roman puissant qui appelle au questionnement et à la réflexion, servi par une écriture ciselée, élégante.
Le narrateur, trentenaire, écrivain et professeur de lettres dans un lycée franco-allemand, va être bouleversé par une photo aperçue lors d'une visite au camp de concentration de Buchenwald. Sur cette photo figurent deux hommes : un médecin SS et un prisonnier. Fait étrange, le détenu présente une ressemblance troublante avec le père de l'enseignant. Ce cliché sera le point de départ de l'enquête minutieuse que va mener le narrateur, partant sur les traces du prisonnier David Wagner.
Cette quête va l'amener à en découvrir plus sur son histoire familiale et sur lui-même, sur ces secrets de famille qui pèsent sur tous les descendants tant qu’ils n’ont pas été dévoilés. L'auteur s'est toujours interrogé sur l'origine de sa propre violence et sur ses peurs d'enfant :
"Depuis toujours, la peur et la violence m'ont hanté. J'ai vécu dans ces ténèbres. J'ai toujours craint qu'on m'entraîne, m'écorche comme un animal nuisible. Des nuits cauchemardesques  m'ont fait entrevoir des mâchoires de loups. Des yeux luisants s'allumaient dans ma chambre d'enfant.
La violence a répondu à la peur. Réponse animale, réponse de conservation. La peur m'avait saisi pour toujours, pour toujours j'allais me défendre. Non pas d'une lutte pondérée, rationnelle, mais avec une violence d'animal affolé, mordant pour s'arracher du piège. La violence de ceux qui portent le sceau de la peur."
Mais ce livre n'est pas seulement un questionnement sur l'identité et la filiation. L'auteur aborde aussi un pan douloureux de l'histoire du 20ème siècle en nous racontant le destin tragique de  David Wagner. A travers le récit de Serge Kolb compagnon de cellule et ami de David, survivant de l'holocauste, l'auteur nous décrit les conditions de vie insoutenables dans les camps, la cruauté, le sadisme dont faisaient preuve les SS. Il nous parle aussi de la fraternité qui a existé entre prisonniers "le seul moyen de ne pas sombrer dans la démoralisation, qui mène tout droit à la mort".

L'Origine de la violence ? un de mes gros "coups de coeur"de ces derniers mois de lecture, un roman poignant et très bien construit (malgré quelques longueurs), qui ne peut manquer de nous faire réfléchir sur la genèse de nos comportements et sur le Mal absolu !

Un extrait :

- Ne te retourne pas.
- Pourquoi ? demanda David.
- C'est la commandante Koch. Ne te retourne pas, ne la regarde pas. Elle nous hait. À son passage, tu te mettras au garde-à-vous mais surtout ne la regarde pas.
Au moment où la commandante arrivait à leur hauteur, le soldat les frappa d'un coup de crosse pour les obliger à s'incliner. Malheureusement Ilse Koch ne se contenta pas de passer son chemin, ce qui était toujours mauvais signe. Elle arrêta son cheval.
- Que faites-vous là ? demanda-t-elle.
- Nous allons chercher de nouveaux outils pour les carrières, répondit David en allemand.
- C'est de la paresse. Je vais noter vos matricules.
Avec son crayon, elle nota les deux numéros de matricule, en signant d'un astérisque celui de David Wagner.
Le compagnon de David, un certain Weiss, était accablé.
- Nous sommes bons pour le chevalet ce soir.
- Pourquoi ? Nous étions en service commandé. Et elle l'a bien vu : il y avait un soldat avec nous.
- Tu ne la connais pas. Elle est totalement folle, pire que les SS. Les punitions tombent de partout avec elle. Il suffit de la regarder mais parfois aussi de ne pas la regarder pour passer sur le chevalet. Elle a tué plusieurs détenus pendant la construction de sa villa. Il suffisait de casser un vase ou une branche pour être envoyé au bunker. Et là Sommer prenait le relais.
- Elle est jolie dit David.
C'était une des rares paroles d'"avant" qu'il ait prononcée depuis son arrivée au camp, une appréciation esthétique et légère.
Weiss eut un air stupéfait.
- Tu as vu sa veste bariolée ? demanda-t-il.
- Oui surprenante.
- Elle a fait tuer un tzigane à son arrivée pour prendre sa veste. Et ses bottes ?
- Quoi qu'est-ce qu'elles ont ?
- Ce sont celles d'un prêtre polonais.
Le soir David fut appelé à la grande porte. Souvent, ces appels étaient définitifs et celui qui allait à la grande porte, c'est-à-dire la porte d'entrée du camp, n'en revenait jamais. Weiss lui serra la main.


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2 commentaires:

  1. dans ma PAL, il me fait de l'oeil, lecture prochaine . Bisous

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  2. Tu me donneras ton avis ? Ça m’intéresse ! Bises

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