dimanche 14 mai 2017

Les dieux du tango de Carolina de Robertis




















Éditeur : Le Cherche Midi
Parution : 18/05/2017
Traduction : Eva Monteilhet
Nombre de pages : 543
Genre : littérature américaine

L'auteure :















Carolina De Robertis est américaine d'origine uruguayenne. Elle a grandi en Angleterre et en Suisse et vit maintenant en Californie. Elle a travaillé pendant dix ans pour une association défendant les droits des femmes. La Montagne invisible, son premier roman, a connu un succès international et a été traduit dans dix-sept pays.

Quatrième de couverture : 

Février 1913. Leda a dix-sept ans. Elle quitte son petit village italien pour rejoindre en Argentine son cousin Dante, qu'elle vient d'épouser. Dans ses maigres bagages, le précieux violon de son père. 
Mais à son arrivée, Dante est mort. Buenos Aires n'est pas un lieu pour une jeune femme seule, de surcroît veuve et sans ressources : elle doit rentrer en Italie. Pourtant, quelque chose la retient... Leda brûle d'envie de découvrir ce nouveau monde et la musique qui fait bouillonner les quartiers chauds de la ville, le tango, l'envoûte. Passionnée par ce violon interdit aux femmes, Leda décide de prendre son destin en main. Un soir, vêtue du costume de son mari, elle part, invisible, à travers la ville. 
Elle s'immerge dans le monde de la nuit, le monde du tango. Elle s'engage tout entière dans un voyage qui la mènera au bout de sa condition de femme, de son art, de la passion sous toutes ses formes, de son histoire meurtrie. Un voyage au bout d'elle-même. 
Carolina De Robertis signe avec ce roman un texte d'une grande sensualité, une ode à la liberté, à la passion, à la vie. Pour accompagner la destinée de ces personnages sublimes et poignants, le tango, omniprésent, résonne à chaque page. Plus qu'un roman, ce texte est aussi un témoignage captivant sur la Buenos Aires du début du XXe siècle, et un document rare sur la naissance du tango. 

Mon avis : 


« La musique était une flèche qui transperçait les murs les plus épais. La musique faisait oublier les inégalités. La musique transcendait les siècles. C'était le nectar des démons, l'ambroisie de Dieu. »

Le jour où Leda découvre le tango, la tarentelle de son Italie natale lui semble tout d'un coup bien fade. Cette musique la prend aux tripes, l'ensorcelle. Tous ses sens se réveillent et se mettent à bouillonner, comme sortis d'une longue léthargie. 
Consécutivement au décès de son époux, un gréviste malchanceux tombé sous les balles de la police suite à une émeute sanglante, la jeune veuve devait quitter l'Argentine. Elle ne prendra jamais le bateau du retour, choisissant l'exil et ses périls pour vivre sa passion du tango. Un choix impossible et dangereux dans ce pays latin, où en 1913, la femme pauvre ne doit pas dépasser les limites de la cour du conventillo, et se contenter de travaux d'aiguilles si elle veut gagner quelques centavos. Renonçant à sa féminité, Leda endosse l'identité de son défunt mari. Désormais elle sera Dante, un jeune violoniste intrépide ne vivant que pour la musique. Interprète douée, elle jouera d'abord dans des bordels crasseux, finissant par être repérée par le leader d'un éclectique et talentueux trio mêlant bandonéon et violon. La formation musicale est bientôt rejointe par un pianiste et un contrebassiste. La réputation d'excellence de leur sextuor ne cessant de grandir, le groupe de musiciens finira par se produire dans les cabarets fréquentés par l'élite argentine. 
Leda n'existe bientôt plus, totalement écrasée par la personnalité imposante de Dante. Elle vit comme un homme et en vient à penser comme un homme. Surfant avec le danger, vivant des mêmes excès et brûlant des mêmes passions, elle prend de plus en plus de libertés, oublieuse du risque de se faire démasquer et de se brûler les ailes... 

Portrait d'une femme qui se veut affranchie de toutes contraintes en pays machiste, ce roman est un hymne à la liberté sous toutes ses formes. L'écriture de  Carolina de Robertis est poétique, subtile et audacieuse, flirtant délicieusement entre légèreté et gravité. Choisissant la musique comme vecteur d'autonomie, l'auteure nous brosse le portrait d'un peuple issu de l'immigration qui cherche désespérément ses repères dans une société dominée par l'oligarchie. Alors que certains protagonistes de cette histoire vont se livrer à une lutte acharnée contre le patronat en se mobilisant dans l'action syndicale, d'autres se jetteront à corps perdu dans le tango pour oublier leurs désillusions. Cependant, tous leurs actes tendront vers le même but : l'envie de voir se concrétiser leur rêve d'une vie meilleure. 
J'ai aimé l'immersion dans cette argentine multiculturelle et exotique, riche en couleurs et en saveurs, ainsi que la musicalité qui se dégageait de chaque ligne, transpirant à travers la plupart des personnages qui traversaient ce récit au chant mélodieux. 
Si le tango ne se danse pas seul, certains bouquins se dévorent en revanche dans la plus stricte intimité, tel cet addictif pavé au tempo endiablé dont j'ai difficilement pu me détacher avant la dernière ligne ! 


Merci à Babelio et aux éditions du Cherche Midi.

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