dimanche 30 décembre 2018

Le tombeau d'Apollinaire de Xavier-Marie Bonnot




















Éditeur : Belfond
Parution : 04/10/2018
Nombre de pages : 397
Genre : littérature française

L'auteur : 















Xavier-Marie Bonnot est né à Marseille. Réalisateur de documentaires, il est aussi l’auteur de plusieurs romans et polars : "La Première empreinte" (2002), "La Bête du marais" (2008), "La Voix du loup" (2006), "Les Âmes sans nom" (2009), "Le Pays oublié du temps" (2011), "Premier homme" (2013), "La dame de pierre" (2O15) qui a reçu le Prix Cognac du Polar Francophone 2016, "La vallée des ombres" (2016) et "Le dernier violon de Menuhin" (2017). 

Quatrième de couverture : 


" Que la guerre est belle ! Mensonges, tout ça. " 
Dans les tranchées de la Grande Guerre, le sergent Philippe Moreau dessine les horreurs qu'il ne peut dire. Son chef, le sous-lieutenant Guillaume de Kostrowitzky, écrit des articles, des lettres et des poèmes qu'il signe du nom de Guillaume Apollinaire. La guerre, comme une muse tragique, fascine l'auteur d'Alcools. Pour Philippe Moreau, jeune paysan de Champagne, elle est une abomination qui a détruit à jamais son village.
Blessés le même jour de mars 1916, les deux soldats sont évacués à l'arrière et se perdent de vue. Philippe Moreau va tout faire pour retrouver son lieutenant. Une quête qui l'entraîne jusqu'à Saint-Germain-des-Prés et Montparnasse, où il croise Cendrars, Picasso, Cocteau, Modigliani, Braque...
Guillaume Apollinaire est mort il y a tout juste cent ans. À travers le regard attendri et critique d'un sacrifié de la Grande Guerre, Xavier-Marie Bonnot raconte avec puissance les dernières années de la vie de l'auteur du Pont Mirabeau.

Mon avis :

« Je pose le crayon, les yeux dans le brouillard.
Écrire en pareille situation est encore plus terrible que se taire.
J'ai envie de leur dire, à mon papa et à ma maman, la violence de notre vie, la peur et la mort. Les blessures et les copains passés au tranchoir.
J'ai envie de leur dire qu'ici on ne rit jamais sauf quand on se ment tout à fait.
J'ai envie de sortir cet être de colère qui est entré en moi.
J'ai envie de dire que je ne suis encore qu'un enfant.
J'ai envie de parler simplement de parler sans être un homme décoré, et de poser ma joue sur l'épaule de ma mère. De pleurer longtemps. Moi qui ne pleure plus, même pas devant le carnage. 
J'ai envie de leur dire qu'on meurt parfois avec le sourire quand la baïonnette pénètre les tripes. Qu'elle écorche et qu'elle saigne. Qu'on se terre  dans des trous qui sont nos seules ombres.
Parce qu'on a oublié que le ciel est d'azur et que ce monde tuberculeux sur lequel nous vivons nous rouille tous de l'intérieur. »

Le sergent Philippe Moreau vit l'enfer sur terre, enrôlé non par choix mais par obligation dans cette Grande Guerre qui sera l'une des plus meurtrières. Lui qui n'a pas encore connu l'amour est un familier de la mort. Il a déjà tué malgré son jeune âge, ce qui lui a valu quelques honneurs et médailles dont il se serait bien passé.  Positionné dans une unité d'attaque en Champagne, il est aux premières loges pour se faire dégommer par l'ennemi. Les tranchées, la boue, le froid, la vermine et la grande faucheuse qui passe toujours plus près, représentent son quotidien de poilu. Pour oublier la peur et se réchauffer l'âme, il y a l'amitié, le vin et les colis alimentaires envoyés par les proches que l'on partage très volontiers avec les copains de misère. Et pour le sergent Moreau, il y également le dessin. Ce fils de paysans qui a décroché brillamment son bac grâce à l'aide financière d'un oncle ecclésiastique, croque sur papier avec beaucoup d'habileté les scènes de l'horreur quotidienne. Un talent inné que va rapidement déceler son sous-lieutenant, Guillaume de Kostrowitzky, qui n'est autre que le poète Guillaume Apollinaire. Un engagé volontaire d'origine polonaise qui cherche à obtenir la nationalité française. Si le jeune Philippe Moreau, de dix ans son cadet, ne partage pas le même idéalisme patriotique que son lieutenant, il goûte en revanche son amour pour la poésie. Une complicité va naître entre ces deux militaires que leurs dons artistiques rapprochent. Grièvement  blessés à la tête et démobilisés, les deux hommes vont se retrouver dans le Paris bohème des artistes d'avant-garde et fréquenter les cercles dans lesquels évoluent Picasso, Cocteau, Cendrars, Braque... Malgré leurs divergences d'opinion, le discret Philippe Moreau et le mondain et fougueux Guillaume Apollinaire conserveront une amitié discrète mêlée de respect et d'admiration, qui perdurera jusqu'à la disparition prématurée du grand poète !

Roman historique librement inspiré de la vie du célèbre poète, "Le tombeau d'Apollinaire" nous brosse l'histoire d'une improbable amitié entre deux artistes venus d'horizons différents qui seront réunis par les événements tragiques de 14-18. Mêlant habilement la petite et la grande Histoire et parsemé des sublimes poèmes de l'auteur, ce roman sorti pour le centenaire de l’armistice nous invite à ne pas oublier les sacrifiés de la Grande Guerre qui donnèrent leur vie pour défendre la patrieCe récit est également un plaidoyer contre l'injustice d'une guerre particulièrement meurtrière, qui mena au combat des millions de civils habillés en soldat, obligés de combattre l'ennemi pendant que de hauts gradés planqués à l'arrière donnaient les ordres qui les enverraient inexorablement à l'abattoir. 
Avec la sensibilité qui caractérise ses écrits, Xavier-Marie Bonnot nous livre un récit tragique et profondément empathique. Un roman qui une fois de plus ne peut manquer de nous faire réfléchir sur la nature humaine et sur les forces et faiblesses de l'Homme, ce mortel désarmé face à l'adversité qui doit faire front aux intempéries de la vie !




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