dimanche 14 mars 2021

Le chemin du fort de Gabrielle Danoux

 













Éditeur : Gabrielle Danoux
Parution : 18/10/2016
Nombre de pages : 162
Genre : policier

L'auteure : 









Gabrielle Danoux œuvre en toute indépendance pour la traduction d'auteurs de langue roumaine classiques et, ce faisant, pour la diffusion de leurs livres. Ses traductions : "La Femme chocolat" de Gib I. Mihăescu, "Cœurs cicatrisés" de Max Blecher, "Le Collectionneur de sons" d'Anton Holban et "Au loin un jour / Fernab ein Tag d'Otto Alscher, "Brocs en stock" de Călin Torsan, ainsi que deux volumes de poésie de Ion Pillat, ou le bref texte "1871" de Valeriu Marcu. 
Au chapitre retraductions, le roman "Europolis" de Jean Bart fait honneur au Danube et à la ville roumaine de Sulina. 
Le projet de traduction de la "Pupa russa" de Gheorghe Crăciun a été retenu par les éditions Maurice Nadeau.

Quatrième de couverture :

Découvrez le premier roman noir de Gabrielle Danoux, traductrice du roumain, ainsi que sa première nouvelle, et dernière ? Voici un extrait : "Le Star Turenne était en effet le seul endroit où nous pouvions construire une partie de notre histoire du cinéma. Loin des cinémathèques et salles prestigieuses des grandes métropoles, c’était la seule salle d’art et d’essais de Crouziers. J’étais heureux d’entendre Arielle rire pendant les comédies de Monicelli, frémir pendant les films d’épouvante de Bava ou les thrillers hitchcockiens. Nous fûmes même introduits au cinéma japonais : Mizoguchi, Ozu, Kurosawa. Plus tard, nous devions découvrir Oshima, Naruse, Masumura, Suzuki et d’autres qui nous donnent leur propre obscure clarté, nous aident, nous qui nous sentons toujours liés. Où d’autre aurions-nous pu voir les films d’Éric Rohmer, qui vont droit à la parole, souvent aux corps d’apparence banale, mais si attirants de ses actrices, ceux de Bresson, que l’on dit austères, pourtant si immédiats, limpides, et même ceux de Nicholas Ray ou d’Alfred Hitchcock qui, bien qu’il soit difficile d’en trouver de plus célèbres, sont rarement diffusés à la télévision, étrange lucarne dissimulant si mal la pauvreté du paysage culturel qui s’impose à qui n’est pas bien né."

Mon avis :

« Le capital culturel, les habitus isolent à jamais les enfants des classes populaires et moyennes. Car leurs codes sont communs à leurs détenteurs. Malgré mon physique, j’ai mis bien longtemps à acquérir la trivialité avec l’argent, la légèreté avec laquelle manier les idées politiques, cette manière de balayer ses ignorances d’un revers de langue, d’exhiber fièrement sa vacuité niellée de formules concaves, cette discrétion dans les ressorts de la corruption que les classes moyennes singent en se targuant de leurs péchés véniels (les ridicules, pour la plupart, ignorent le véritable vice à un point presque touchant). »

Appréhendée pour le meurtre de son époux, un assistant de justice connu dans le village pour ses nombreuses relations extraconjugales, Arielle se laisse incarcérer sans protester, avouant très rapidement le crime. Secrétaire de l'association Brichamps Contrechamps et chargée de faire visiter le fort dans lequel son mari a péri dans de vives souffrances, cette dernière semble avoir un mobile plus que suffisant pour avoir commis ce meurtre. 
Pourtant, tout est loin d'être aussi simple. De nombreuses zones d'ombres entourent le défunt, cet homme énigmatique addict au sexe. Avec ce sordide fait divers, c'est tout un village qui va être scruté à la loupe, ses habitants cachant pour la plupart de bien vilains secrets. 
Poussé par une insatiable curiosité, Charles le narrateur, bibliothécaire natif du village et ami d'Arielle, n'aura de cesse de mettre à jour les ressorts de cette épineuse affaire. Un fin limier dont la perspicacité heurtera bien des villageois…
En clôture de cet ouvrage, le lecteur découvrira par ailleurs une savoureuse nouvelle. Un texte court et beaucoup plus intimiste, célébrant les joyaux  indéniables de notre belle littérature.

Radiographie des petits et grands travers des administrés d'un village français typique, ce roman sombre et vénéneux nous plonge dans un univers gangrené par le vice. Méchanceté, âpreté au gain, vanité, jalousie et luxure arpentent ces pages avec un humour incisif et un vocabulaire riche par sa diversité et sa précision. 
L'auteure navigue avec une grande aisance dans les beautés complexes de la langue française et l'on ne peut que savourer ce voyage en terre littéraire !


Merci à Gabrielle Danoux.

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